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Appel à articles : Les Mondes du Travail, n° 26, parution mai 2021

Travail et conditions de vie en temps de pandémie

La pandémie du Covid-19 représente un évènement social majeur, un « fait social total ». En moins d’un an, près de 50 millions de personnes ont été contaminées et plus de 1,1 millions de personnes sont décédées. Les personnes guéries éprouvent parfois des séquelles prolongées. La plupart des pays sont confrontées à une deuxième vague encore plus forte que la première. D’autres pays ont réussi à contenir les contaminations. Aucune certitude existe quant au développement d’un vaccin efficace.  Il semble même que la situation va perdurer pendant un certain temps, d’autant que d’autres, selon un rapport de l’ONU, beaucoup d’autres virus pourraient franchir la barrière relative qui existe entre les espèces ce qui fait planer de façon structurelle une menace sanitaire.

L’épreuve que constitue la pandémie du Covid-19 questionne autant l’ordre symbolique des activités de travail, les relations et les hiérarchisations sociales que la place et les finalités des activités productives et reproductives. Le dossier du numéro 26 a pour objectif de rassembler les éléments qui permettent d’en mesurer l’impact, tant sur le travail productif que reproductif, au niveau des représentations comme au niveau des pratiques managériales et institutionnelles que le vécu des personnes. Les contributions internationales et comparatives sont particulièrement appréciées.

Une grande variété de questions a émergé au cours de cette crise, qui est loin d’être terminée. Nous les mentions à titre informatif.

  • – Le Sars-Cov-2 appelé également Covid-19 est un pathogène nouveau, issu d’une zoonose et dont la propagation se fait par aérosols, par surface et micro-gouttelettes. Que savons-nous sur le rôle des lieux de travail dans sa diffusion ? Comment les acteurs de l’entreprise se sont-ils saisis de l’enjeu sanitaire ? Comment peut-on interpréter les conflits de travail autour des mesures sanitaires pour contenir et restreindre sa propagation, tant dans le secteur public que privé, l’administration ou encore les entreprises du secteur concurrentiel ?
  • – Au cours de la première vague de contaminations, la propagation de la pandémie du Covid-19 a provoqué des réponses variables selon les pays, tant en termes de modes de confinement que sur le plan de l’identification des activités « essentielles ». Dans certains pays, une liste de ces activités a été établie tandis que dans d’autres pays, le périmètre « essentiel » des activités n’a jamais été établi. Un certain nombre d’entreprises, surtout dans l’industrie, ont été mises à l’arrêt, parfois après des actions de grève. Quelle a été l’action des pouvoirs publics et rôle acteurs sociaux ? Comment et à partir de quel moment, suite à des décisions sanitaires ou des actions collectives, les entreprises se sont-elles arrêtées de fonctionner ? 
  • – Quel est le rôle joué par les services d’inspection du travail dans l’application des protocoles sanitaire ? Dans quelle mesure les acteurs sociaux ont engagé, conjointement ou non, leurs organisations dans l’application des mesures de prévention ou de veille sanitaire ?
  • – Comment la période de chômage économique partiel a-t-elle été vécue par les premiers concernés ? Comment les travailleurs « essentiel s » comme les éboueurs, les chauffeurs-livreurs, les employé-e-s de commerce ou encore le personnel de soin (infirmier et médecins) ont-ils vécus cette période ? Comment les catégories moins protégées ou sans aucune protection sociale (secteur informel, travail sexuel) ont fait face aux difficultés rencontrées ?
  • – Les travailleurs/ses d’exécution ont gagné en visibilité mais de façon hiérarchisée selon les professions et les qualifications. En quoi est-ce le signe d’une différence de reconnaissance sociale accordée à certaines activités et par-là même aux groupes sociaux ?
  • – Pendant la période de confinement, la majorité des cols blancs devaient poursuivre leur activité en télétravail. Comment a été vécu ce télétravail contraint dans un contexte de fermeture des établissements scolaires (type de disponibilité temporelle par exemple) ? Comment s’est déroulé le contrôle du travail à distance ? Comment des technologies ont été mobilisées dans ce sens ? Quelle prolongation a-t-il pu avoir depuis lors ? Est-ce que le développement du télétravail est désormais une réalité négociée ? Plus largement comment le télétravail agit-il sur le consentement au travail en temps de pandémie ?
  • – Le monde enseignant s’est retrouvé face à l’injonction d’assurer la continuité pédagogique via des cours en « distanciel ». Comment cette obligation a-t-elle été vécue par les enseignants et les élèves ou étudiants ; avec quels effets et quelle efficacité pédagogique ?
  • – Comment se sont positionnés les acteurs sociaux (syndicats et patronat) face à la gestion publique de la crise sanitaire ? Quelles formes ont pris les mobilisations syndicales (blocages, enquête sur les conditions de travail, mobilisation numérique…) ?
  • – Quelles sont les formes de solidarité et d’entraide qu’on a vu émerger, à l’échelle des communes ou des quartiers, et comment celles-ci s’inscrivent-elles dans le temps moyen et long ?
  • – Le confinement fut aussi un grand enfermement pour certain.e.s. Et parfois même un « double enfermement » (prisons). Comment cela a-t-il été vécu dans une perspective intersectionnelle incluant les rapports sociaux de sexe, de génération, de racialisation et de classe ?
  • – Que doit devenir le travail dans le monde d’après ? La pandémie a provoqué un choc brutal au niveau des consciences et des représentations. Toute une série d’appels et tribunes ont été publiés avec des propositions sur « le monde d’après ». Quels axes revendicatifs peut-on identifier avec quels leviers d’action ?
  • – Les éclairages historiques permettent de mieux comprendre le présent. Quelles leçons retenir des pandémies précédentes, et cela tant au niveau de la gouvernance publique qu’au niveau de l’impact sur le travail et des conditions de vie ?
  • – La pandémie a modifié la donne tout en laissant les choses en place. Faut-il s’attendre à une stratégie de choc avec une nouvelle vague de mesures visant à flexibiliser le travail et l’emploi, mais aussi l’élaboration de grandes réformes.  S’il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions d’une crise qui perdure, il n’est pas inutile d’intégrer les dimensions sociétales et idéologiques dans la réflexion sur « le travail en temps de pandémie », en faisant notre l’hypothèse que la pandémie du Covid-19 fait partie intégrante de la crise écologique.

Calendrier

Date limite pour la réception des papiers : 31 janvier 2021
Evaluations : février 2021
Retours et navette : mars 2021
Bouclage : 30 mars 2021
Parution : 30 avril 2021

Coordination scientifique du dossier

Anne-Marie Arborio (LEST) (à confirmer), Rachid Bouchareb (CRESPA GTM – Paris 8), Nicola Cianferoni (Université de Genève), Marc Loriol (IDHES).

Format des papiers

Taille maximale 40 000 signes espaces et notes en bas de page inclus.

Les textes sont à transmettre à l’adresse : info@lesmondesdutravail.net

Spécifications techniques  www.lesmondesdutravail.net

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