IDHES

Critique de la raison automatique

Bêtise(s) et intelligence(s) de la numérisation du monde

DATES

Jeudi 26, vendredi 27 et samedi 28 mars 2020 : colloque annulé en raison de la crise sanitaire.

LIEU

Jeudi 26 mars 2020
La Gaîté lyrique
3 bis, rue Papin
75 003 Paris

Vendredi 27 et samedi 28 mars 2020
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
12 place du Panthéon
75 005 Paris

Comment venir ?

ORGANISATION

Manola ANTONIOLI | LAA UMR 7218 LAVUE, ENSAPLV
Florence ASTRIÉ | LAA UMR 7218 LAVUE, ENSAPLV
Antonella CORSANI | ISST IDHE.S UMR 8533, Paris 1 Panthéon Sorbonne
Emilien CRISTIA | MAACC UMR MAP 3495, ENSAPLV
Fabrice FLIPO | IMT BS – LCSP EA 7335, Paris Diderot
Maxime GENY | LAA UMR 7218 LAVUE, ENSAPLV
Haud GUEGUEN | CRDT EA 4132, CNAM
Wenjing GUO | UMR 245 CESSMA
Joffrey PAILLARD | LAA UMR 7218 LAVUE, ENSAPLV
Gabriel PÉRIÈS | LINX, IMT BS
Monique SELIM | UMR 245 CESSMA

PRÉSENTATION

Le développement du numérique, sous l’impulsion de différents acteurs, ainsi que ses implications dans les territoires et les modifications des comportements qu’il induit, donnent lieu à des discours et des réactions qui divergent souvent de manière fondamentale. Considéré comme étant à l’origine d’une « troisième révolution industrielle » ce « passage » au numérique amènerait un ensemble de transformations se situant dans un registre similaire au passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Or, si les mutations sont à l’évidence de grande ampleur, les implications sont diverses, contradictoires et difficiles à cerner : mondialisation et relocalisation de l’économie ; désintermédiation et émergence de nouvelles médiations ; reconfiguration des espaces publics et privés ; exigence de privacy et  exploitation généralisée des données personnelles par les GAFAM ; annonce d’une société de la connaissance et  fake news  ; gouvernance « augmentée » et contrôle algorithmique ; arrivée de nouveaux entrants tels que les médias alternatifs,  mais aussi de nouveaux monopoles ; économie « immatérielle » ou « virtuelle » et nouvel extractivisme (métaux rares, toxiques, consommation d’énergie et de matière) ; nouvelles formes de travail « libéré » (tiers-lieux, nomadisme, capitalisme cognitif) et de précariat (ubérisation, digital labour, micro-travail). Autant d’éléments dont les registres pluriels laissent entendre la richesse des enjeux et des problématiques soulevés, à tous les niveaux des sociétés contemporaines, mais aussi la nécessité de construire une critique collective, transdisciplinaire et engagée.

Les travaux sont désormais très nombreux, tant sont divers les domaines touchés. Étant capables de faciliter l’intelligence collective, les nouveaux outils numériques sont aussi susceptibles de générer une « bêtise systémique », que ce soit à travers l’ « automatisation des existences » qu’ils produisent (Stiegler, 2015) ou  l’accélération de la destruction écologique du monde, pour ne prendre que quelques exemples. Le déploiement numérique s’est accompagné de discours sur l’émergence d’une nouvelle forme d’intelligence collective qui n’était pas dénuée de fondements. Mais l’omniprésence récente du thème du smart (smart city, smart nation, smart grid etc.) ramène « l’intelligence » à une formule incantatoire recouvrant diverses tentatives généralement technologiques de transformation et de contrôle des territoires. La soutenabilité des systèmes numériques, la mise en place de nouveaux oligopoles technologiques contraignants, des distorsions majeures dans l’économie et l’écologie de l’attention : autant de phénomènes potentiellement destructeurs de l’intelligence (individuelle et collective) et de la planète. Si l’on réfute une approche purement computationnelle, systématisée et automatisée de l’intelligence, comment faut-il  l’approcher ? Dans quelles conditions le collectif peut-il devenir porteur d’intelligence ? L’usage du numérique change-t-il les données du problème ? Comment ? Dans quelles proportions ? Le rôle du numérique a été souligné dans des événements politiques tels que les révolutions arabes, les mouvements « Occupy », les gilets jaunes, etc. ; est-ce à dire qu’il a été un ingrédient nécessaire, sans lequel ces événements n’auraient pas pu se produire ? André Gorz évoquait le numérique comme une technologie-carrefour (1983, 2003, 2008), susceptible de permettre une réappropriation de l’outil de production, pensé comme fondamentalement hétéronome : doit-on le suivre ?

Ce colloque sera donc le moment de réfléchir à l’entrelacs entre différentes strates problématiques de la « numérisation du monde », sans négliger un élément central : toutes ces intelligences ont toujours besoin d’exister d’une manière ancrée, ce qui nous conduit à mettre en évidence le concept de territoire. Celui-ci ne sera pas entendu au sens simplement physique, mais aussi écologique, administratif, politique, éthique et existentiel (Guattari, 1989), de l’ordre du milieu (Berque, 2000) ou du transindividuel (Simondon, 2017). Il s’agira  donc d’explorer ces nouveaux territoires et leurs intelligences (à l’aide des outils de l’architecture, de l’urbanisme et du design) pour aller au-delà des  smart territories, au sens plat et « bête » de déploiement massif de toutes sortes de devices numériques. L’objectif de ce colloque est de nous permettre de mieux nous positionner dans ce vaste champ de recherches académiques et industrielles en nous appuyant sur une multitude d’expériences, compétences, expérimentations qui viendront de cette communauté critique que nous souhaitons contribuer à faire émerger.

Le colloque se donne une dimension inaugurale, dans la mesure où il aspire à être la première étape en vue de la constitution d’une communauté épistémique internationale et transdisciplinaire sur le sujet.

PROGRAMME

> Consulter en ligne sur le site dédié :
https://cra.sciencesconf.org/program

> Télécharger

Programme détaillé (28 p., pdf)

Programme synthétique (7 p., pdf)

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