La migration antifasciste de la Ligurie à la France pendant l’entre-deux-guerres.
Familles et subjectivité à travers les sources privées.
DATE
Mercredi 30 juin 2015, 11.00
LIEU
Università degli Studi di Genova
Soutenance de thèse de Emanuela MINIATI pour l’obtention du titre de docteur en Lettres et Sciences Humaines en Cotutelle
Section CNU: 22 – Histoire/civilisations: mondes modernes
Directeur de recherche : Mme Marie Claude BLANC-CHALEARD, Professeur Emérite
Codirecteur : M. Fabio CAFFARENA, Ricercatore Confermato
Devant un jury composé de :
Mme Monica Raisa SCHPUN, Ingénieur d’études HDR, EHESS
Mme Chiara VANGELISTA, Professeur d’enseignement supérieur, Université Degli Studi Di Genova
M. Giovanni ASSERETO, Professeur d’enseignement supérieur, Université Degli Studi Di Genova
M. Antonio BECHELLONI, Maître de conférences retraité, Université de Lille 3
Mme Marie Claude BLANC-CHALEARD, Professeur émérite, Université de Paris Ouest Nanterre La Défense
M. Fabio CAFFARENA, Ricercatore Confermato, Université Degli Studio Di Genova
M. Alessandro CASELLATO, Ricercatore, Université Degli Studi ” CA’FOSCARI” DI VENEZIA
Résumé
Cette recherche porte sur la migration antifasciste de la Ligurie à la France dans l’entre-deux-guerres et montre comment elle s’adressa en particulier vers le Sud-Est et Paris. Il ne s’agit pas d’une étude générale mais centrée sur l’expérience des gens ordinaires et des familles migrantes. Il faut contextualiser l’expression “gens ordinaires” soit du point de vue historique, soit sociale et culturelle : en examinant les caractéristiques des sujets ligures impliqués dans l’exil du premier après-guerre, dans leur territoire d’origine à eux, cette catégorie devient un instrument précieux au fin de sonder de l’intérieur les dynamiques de network de la société.
J’ai assumé une optique bilatérale italienne – plus attente au problème politique même qu’au retour des fuoriusciti – et française, immigratoire, intéressée aux processus d’intégration-, puisque l’exil se greffa dans la migration de masse du premier après-guerre, en suivant les rapports tissus entre contexte de départ et d’arrivé. En dépassant les paramètres nationaux classiques des études migratoires et d’exil, on va comprendre les multi-références des migrants, le «double-localisme » qui les rattache à leur communauté d’origine et au même temps à celle émigrée.
L’étude régionale adoptée permette de suivre des réseaux transnationaux liés à une très remarquable identité de village et/ou de parti politique, ce qui représente une typique modalité migratoire transalpine qui ne s’est pas organisée selon le modèle américain des « Little Italies » mais plutôt selon des « petits villages italiens ».
L’analyse diachronique des sources privées porte à marcher sur les traces de parcours individuels et en comparant ceux-ci on va reconstruire les réseaux : les flux des premiers exilés se tressaient avec les mobilités de proximité, en s’insérant dans des communautés d’ancienne date dans le Sud-Est; ce fut là que la présence d’une colonie ligurienne enracinée favorisa des stabilisations définitives. Par contre les militants plus politiquement structurés, notamment les communistes, ils partaient plutôt plus tard, envoyés à se battre sur les fronts internationaux de l’antifascisme, et ils suivaient pour la majorité d’entre eux des nouvelles voies, vers Paris.
Les parcours des exilés ligures au début de la guerre ne s’éloignaient pas de ceux de leurs compatriotes, ou moment où la contingence alla précariser la situation d’émigrés des italiens. La plus part de ceux qui restaient au-delà des Alpes montra une certaine incapacité à se ranger d’un ou de l’autre côté : une immigration au caractère désormais familial fut amenée à rester dans le territoire d’installation, qui assurait dans le Sud-Est des réseaux de solidarité et des acquisitions matériaux. Par contre, les antifascistes les plus encadrés dans les partis et les dirigeants avaient plutôt tendance à rentrer en Italie, surtout ceux qui venait de Paris : si l’on jette un regard aux sources privées, on voit mûrir une conscience inédite de la mission politique dont les antifascistes se sentirent investis, une idée patriotique de l’antifascisme, destinée à racheter leur Pays laissé beaucoup d’années auparavant.