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Sociologie des sans-papiers

Processus d’illégalisation et expériences clandestines (Paris, Buenos Aires, Montréal)

 

DATE
mercredi 19 avril 2017 à 14h

LIEU
Université Paris Nanterre
salle des thèses, bât. B,
200 avenue de la République
92000 Nanterre

Soutenance de thèse de Daniel Veron pour l’obtention du doctorat en sociologie
Sous la direction de Patrick Cingolani, Professeur de sociologie (Directeur du LCSP)

Membres du jury

Sébastien CHAUVIN, Professeur associé, Université de Lausanne
Patrick CINGOLANI, Professeur, Université Paris Diderot (Directeur)
Stéphane DUFOIX, Professeur, Université Paris Nanterre (Président)
Sandro MEZZADRA, Professeur associé, Université de Bologne
Dominique VIDAL, Professeur, Université Paris Diderot (Rapporteur)
Catherine WIHTOL DE WENDEN, Directrice de recherche émérite, CNRS (Rapporteure)

Résumé

Cette thèse porte sur les migrants illégalisés, étrangers dont la présence sur un territoire national est en contradiction avec la législation sur le séjour des extranationaux, dans trois pays : la France, l’Argentine et le Canada. L’illégalité migratoire doit dans un premier temps être comprise comme un processus historique d’illégalisation des mobilités migrantes par l’institution frontière. Un tel processus prend racines dans la constitution des Etats-nations, puis des politiques migratoires qu’ils mettent en œuvre. S’il est important de prendre en compte les spécificités historiques et géographiques propres à chaque pays, cette perspective donne à voir dans chaque cas la construction progressive d’un « espace de la clandestinité migratoire ». À partir d’une ethnographie fine, ce travail se propose dans un second temps faire la sociologie des pratiques, procédures, usages, opérations, autrement dit des tactiques des acteurs qui évoluent dans ces espaces. Se découvrent alors des lieux où peuvent se dire les expériences, où se construit une autonomie, où s’élabore une argumentation politique. Ceux que l’on nomme parfois les sans-papiers échappent ainsi – au moins en partie – à la négation sociale dont ils sont l’objet, et s’affirment comme étant dotés, au même titre que n’importe qui, d’une intelligence à la fois situationnelle et réflexive. C’est bien cette dialectique entre un ordre et les pratiques qui lui sont hétérogènes, voire subversives, que cette thèse met à jour.

Sociology of the undocumented. Illegalisation processes and the clandestine experiences (Paris, Buenos Aires, Montréal)

This thesis examines the situation of illegalised migrants, that is of foreigners whose presence on a national territory is contrary to its legislation concerning the stay of non-nationals, in three countries: France, Argentina and Canada. Migratory illegality needs first to be understood as a historical process of illegalisation of migrant mobilities through the action of the border institution. This process has been rooted in the constitution of Nation-States, then in the migration policies they developed and implemented. Although it is important to take into account the historical and geographical specificities of each country, an analysis in terms of process reveals in each case the progressive construction of a “space of migratory clandestinity”. In a second stage, based on a detailed ethnography, I develop a sociology of practices, procedures, uses and operations – in other words of the tactics adopted by the actors evolving there. Places then appear where experiences can be told, where a certain degree of autonomy can be built and where a political argumentation can be elaborated. So-called “undocumented” people can thus escape – at least partially – from this statute socially imposed upon them to claim, just like anyone else, an intelligence that is both situational and reflexive. Understanding this dialectic between an order and practices that are heterogeneous to it, or indeed subversive of it, is the main objective of this thesis.

 

 

 

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