IDHES

Genre et monde carcéral

Rapports sociaux et dispositifs d’enfermement

Dates

Séances 1 et 2 : lundi 20 mars 2023, 10 h 30 – 18 h 
Séances 3 et 4 : vendredi 14 avril 2023, 10 h – 17 h, REPORTÉES
En raison du mouvement social, les séances 3 et 4 sont reportées à une date ultérieure.

Lieu

ENS Paris-Saclay
salle 3G07
4 Avenue des Sciences
91190 Gif-sur-Yvette
Comment venir ?

Une inscription préalable est nécessaire en s’inscrivant sur cette page : https://form.jotform.com/230793345032351

Date limite d’inscription : 7 avril à 14 h

Visioconférence

Un lien Zoom sera communiqué par mail après inscription sur cette page : https://form.jotform.com/230793345032351

Organisation

Natacha Chetcuti-Osorovitz. Maître de conférences en sociologie, HDR, Centrale Supélec, ENS Paris-Saclay, IDHES
natacha.chetcuti-osorovitz@centralesupelec.fr

Amélie Bescont. Doctorante en science politique, Sciences Po Paris, CEVIPOF

Valérie Icard. Doctorante en science politique, Université Paris-Saclay ; Ingénieure d’études, CESDIP / INHESJ
valerie.icard@cesdip.fr

Avec le soutien de la MSH Paris-Saclay

Programme

Lundi 20 mars 2023, 11 h – 17 h 30

Les rapports sociaux de genre, de classe, d’ethnicité dans les dispositifs d’enfermement

10 h 30 – 12 h : Ludine Cayla, Doctorante en sociologie à l’Université de Lille (CLERSE)

Déclôturer le genre depuis la prison : expériences et discours de femmes trans’ privées de liberté

Pour les personnes ayant une expression de genre minoritaire privées de liberté, l’institution carcérale représente une prolongation et une réitération des normes et des règles sociales. Il est nécessaire de réfléchir à la situation des personnes trans privées de liberté et à comment l’institution pénitentiaire fonctionne dans un système cisnormé et incidemment hétéronormé. La situation des personnes trans privées de liberté représente un double enfermement au travers duquel le corps se convertit en premier espace de privation de la liberté, auquel s’ajoute l’espace carcéral qui réduit le mouvement de ce même corps, réitérant les normes binaires du cissexisme. Leur expérience d’incarcération permet alors de questionner ce système par l’analyse de leurs discours et de leurs stratégies de résistance, tant vis-à-vis de l’institution pénitentiaire que du système de genre que celle-ci leur impose.

Pause déjeuner

13 h 15 – 14 h 45 : Manon Veaudor, Chercheuse post-doctorante en science politique à l’Université de Poitiers, associée au laboratoire Triangle et au CESDIP

Des familles sous contraintes. Les parents face au placement pénal et à la détention de leur enfant

Le placement pénal des mineur.e.s engage les parents devant les institutions socio-judiciaires et les conduit à réorganiser leur rythme de vie en l’absence de leur enfant. À partir d’entretiens conduits auprès de parents, et en particulier des mères dont l’enfant a fait l’objet d’une mesure de placement (ou d’enfermement), cet article interroge ce que l’éloignement sous la contrainte pénale fait à ces femmes. Il met en évidence les attentes contradictoires que le travail éducatif fait peser sur elles. Ni juges ni protectrices, elles doivent faire face aux injonctions institutionnelles sans mettre en péril la relation avec leur enfant. Il s’agit ainsi de comprendre comment les pratiques et les rythmes de vie de ces familles, aux conditions de vie fragiles, se recomposent sous l’effet de la contrainte pénale.

14 h 45 – 16 h 15 : Ana Ballesteros Pena, Chercheuse post-doctorante à l’Université Complutense de Madrid, Espagne

Extensions de la punition et du monde carcéral : une analyse de la détention des immigrant.es en Espagne et au Canada

Au cours des dernières décennies, le pouvoir pénal s’est étendu dans le Nord et le Sud global par le biais de différentes technologies et pratiques, parmi lesquelles se distinguent les mécanismes de contrôle, de supervision et de détention des flux migratoires. Dans ma présentation, j’analyserai les systèmes de détention et d’endiguement des populations migrantes en Espagne et au Canada, en accordant une attention particulière à leurs mutations récentes, ainsi qu’à leur nature genrée et racialisée.

16 h 30 – 18 h : Louise Tassin, Post-doctorante au CEET (Cnam), Associée à l’URMIS (Université Paris Cité / Université Côte d’Azur)

Sous-traitance en rétention : enjeux et revers de l’emploi d’immigré.es précaires auprès d’étrangers en instance d’expulsion

Issue d’une thèse de sociologie consacrée au rôle des acteurs non étatiques dans la mise en œuvre de l’enfermement administratif des étrangers, cette intervention vise à éclairer la façon dont les rapports sociaux de sexe, de classe et d’ethnicité sous-tendent les interactions entre le personnel privé des centres de rétention administrative (CRA) et les individus qui y sont enfermés. À l’appui d’une enquête ethnographique menée en rétention, nous verrons comment cette main d’œuvre immigrée pas ou peu qualifiée, principalement féminine et précarisée, subit, performe et conteste les représentations liées aux appartenances réelles ou supposées des agent.es, qui façonnent à la fois l’organisation du travail, les pratiques professionnelles et le traitement des personnes enfermées.


Vendredi 14 avril 2023, 10 h – 17 h,  SÉANCES REPORTÉES

En raison du mouvement social, les séances 3 et 4 du séminaire “Genre et monde carcéral” initialement prévues le 14 avril sont reportées à une date ultérieure.

Pour comprendre les régimes de genre qui se jouent dans l’enfermement, il faut décentrer notre regard afin d’interroger la manière dont ils informent l’entièreté du continuum carcéral. Les troisième et quatrième séances du séminaire « Genre et monde carcéral » se proposent d’analyser la manière dont ces régimes influent, dans nos contextes néolibéraux, sur les processus de criminalisation ainsi que sur les politiques pénales qui cherchent à y répondre. Une attention particulière sera portée aux univers historiques et théoriques desquels les politiques publiques de lutte contre les violences de genre s’inspirent. Les quatre interventions proposées nous permettront en outre d’observer dans quelle mesure les attentes et les rapports sociaux de genre informent les contours des catégories pénales (légitime défense, harcèlement sexuel, violences entre partenaires), tout autant qu’ils imprègnent les traitements judiciaires et pénaux des différent·e·s justiciables.

10 h – 13 h Catégorisations pénales et régimes de genre

10 h 30 – 11 h 30 : Carole Gayet-Viaud, Chargée de recherche CNRS au CESDIP – Chercheuse associée au CEMS (EHESS)

De la politisation à la pénalisation du harcèlement de rue : les usages du concept de « continuum de violence »

Cette contribution permettra d’éclairer la réflexion sur le traitement politique et judiciaire du harcèlement de rue à partir de l’analyse des théories et politiques visant les incivilités. Engagées en France et en Europe depuis les années 1990, elles se sont adossées à des conceptions de l’ordre public urbain, et de l’articulation entre formes mineures de déviance et criminalité, qui ont des traits communs avec les thèses mobilisées pour justifier la pénalisation du harcèlement de rue. L’identification de ces analogies permettra de mettre en perspective l’usage politique (et juridique) qui y est fait du concept de « continuum de violence ».

11 h 30 – 13 h Vanessa Codaccioni, MCF – HDR à l’Université Paris 8 (CRESPPA-CSU)

Les femmes en état de légitime défense : violences et discriminations judiciaires

À partir d’une analyse historique et sociologique de la légitime défense, entendue à la fois comme disposition pénale et comme usage défensif de la violence, cette communication reviendra sur les modalités d’exclusion des femmes du groupe des justiciables pouvant mobiliser la violence défensive homicidaire. Plus précisément, en focalisant sur les années 1970 et 1980, période de multiplication sans précédent des homicides dits « défensifs » ou « commis en état de légitime défense », on verra qu’il s’agit là d’un impensé juridique et politique.

13 h – 14 h Pause déjeuner

14 h – 17 h Criminalisation, justice de genre et néolibéralisme

14 h – 15 h 30 Amélie Bescont, ATER en Science Politique à l’Université de Tours

De l’évidence masculinocentrée aux paradoxes interprétatifs de l’agentivité criminelle des femmes

Afin d’objectiver les ressorts du crime, la théorie pénale moderne et la criminologie classique se sont initialement articulées à une compréhension libérale de l’agentivité humaine qui s’est avérée dualiste en ce qu’elle opposait à l’autonomie, à la capacité de raison, à la force et plus spécifiquement au « potentiel criminel et délictuel » qu’elle prêtait aux hommes, la passivité, l’« irrationalité » et en définitive « l’a-criminalité » qui étaient d’après elle propres aux femmes. Nous observerons dans quelle mesure les divers savoirs féministes sur le crime produits en France et dans les contextes anglosaxons depuis les années 70, sont parvenus à se distancier de cette épistémè libérale et différentialiste. Nous verrons qu’en dépit de leurs démarches critiques et parfois même en vertu des agendas politiques dont elles étaient porteuses, une partie des chercheuses qui s’inscrivaient dans cette perspective eut bien recours à cet univers moral différentialiste et reproduisit au travers de ses conclusions scientifiques, certains des biais de genre, de classe et d’ethnicité qui avaient traversé la criminologie classique.

15 h 30 – 17 h Charlotte Vanneste, Maître de recherches à l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (Bruxelles) / Professeure à l’Université de Liège

Violences entre partenaires et renvoi vers la justice pénale : de l’incidence du genre et du profil socio-économique

Après une présentation du contexte général et des différents axes d’un programme de recherche mené en Belgique sur les violences entre partenaires intimes (VPI), plusieurs types de résultats seront mobilisés pour alimenter un questionnement sur les rapports entre ces trois termes : criminalisation, genre et néolibéralisme. Des analyses de données statistiques, portant sur une cohorte de près de quarante mille suspects signalés à la justice pour VPI, de même que l’analyse de données qualitatives recueillies auprès d’acteurs-clé des politiques publiques serviront de base à cette réflexion.

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