IDHES

La neutralité axiologique

Les rendez-vous de l’IDHES

DATE

Lundi 10 janvier 2022 à 10h

LIEU

Université Paris Nanterre
Bâtiment Max Weber, rez-de-chaussée, salle des conférences
Comment venir ?

ORGANISATION

Patrice Baubeau | université Paris Nanterre, IDHE.S

PRÉSENTATION

Cette table ronde portera sur la neutralité axiologique à partir de l’ouvrage Savoir et agir. Chroniques de la conjoncture (2002-2020) de Frédéric Lebaron en y associant Xavier Vigna et Maud Simonet et sera animée par Patrice Baubeau.

Les années récentes ont vu se succéder les critiques voire les attaques contre les scientifiques, leurs motivations, les institutions qui les hébergent et les lieux et supports de leur expression.

En 2020 et 2021, ces critiques ont pris une nouvelle ampleur, en lien notamment avec les répliques du mouvement #MeToo, les débats identitaires et la projection de l’activité scientifique au premier plan de l’actualité en raison de la pandémie de Covid.

Trois exemples peuvent illustrer ces critiques : la campagne, réactivée récemment par Eric Zemmour, accusant l’université de propager une « théorie du genre », dissolvant les identités sexuées « naturelles » et alimentant « guerre des sexes » ou « mal-être » masculin. Les débats identitaires – sous-tendus notamment par les événements terroristes de 2015 – représentent un second pôle de cette contestation du monde académique. Mais dans ce cas, le plus grave est que l’attaque a été relayée au cœur même du monde académique, lorsque Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a non seulement repris à son compte la fable d’un islamo-gauchisme gangrénant les sciences sociales mais a demandé l’ouverture d’enquêtes internes à ce propos. Enfin, et comme l’a montré l’érection en gourous de quelques savants trop vite médiatisés, la pandémie de Covid a manifesté l’incompréhension à peu près totale qui entoure la notion de « vérité » scientifique et le rôle qu’y joue la parole individuelle.

Dans ces conditions, trois questions sont redevenues d’une brûlante actualité :

  • – Qu’est-ce qu’un énoncé scientifique ? Et plus spécialement, à quels titres un scientifique peut-il proposer un point de vue ou un regard sur une situation sociale ? Faut-il par exemple suivre Manuel Valls lorsqu’il assimile explication et justification ?
  • – Qu’entendre par neutralité scientifique ? S’agit-il d’une propriété du champ scientifique lui-même ? S’agit-il d’une exigence à laquelle doivent se plier les scientifiques ? Et dans ce second sens, la notion de « neutralité axiologique » est-elle bien la notion qui fonde cette exigence ?
  • – Dès lors quelle place donner aux convictions, aux opinions, aux motivations individuelles dans le travail scientifique ? Au-delà de la seule ambition professionnelle ou intellectuelle, est-il légitime que les affects, quels qu’ils soient, jouent un rôle dans la définition et la poursuite d’un objet de recherche ? Enfin, la scientifique a-t-elle le droit d’exprimer ses convictions en les appuyant sur les résultats de ses recherches ou sur les acquis, toujours provisoires, de la recherche scientifique ?

Ces questions sont loin d’être neuves et sont souvent rattachées à l’émergence de l’intellectuel moderne, par exemple dans le contexte de l’affaire Dreyfus dans le cas français. Il faut toutefois bien noter que la défense de l’universalité de la dignité humaine, position éthique qui a fondé la cristallisation de cette figure de l’intellectuel, ne recouvre pas exactement le débat autour de l’investissement du capital scientifique dans le débat médiatique et politique, ce que l’on a appelé, depuis l’entre-deux-guerres « l’engagement ».

Pour illustrer ce débat sur « l’engagement » des scientifiques et mieux comprendre les raisons pour lesquelles il suscite de telles résistances, nous vous proposons cette table ronde, centrée sur le recueil des éditoriaux de Frédéric Lebaron, Savoir et agir. Chroniques de la conjoncture (2002-2020), et les publications de Maud Simonet (notamment Des sociologues sans qualité. Pratiques de recherche et engagements, avec Delphine Naudier) et Xavier Vigna (notamment L’Espoir et l’effroi. Luttes d’écriture et luttes de classe).

Avec la participation de :

Frédéric Lebaron | ENS Paris-Saclay, IDHE.S
Maud Simonet | université Paris Nanterre, IDHE.S
Xavier Vigna | université Paris Nanterre, IDHE.S

Animation de la table ronde :
Patrice Baubeau | université Paris Nanterre, IDHE.S

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