IDHES

Genre et monde carcéral, 2021-22

DANS ET HORS LES MURS

L’influence des représentations genrées de la qualification pénale à la vie en prison

DATES

Du 12 novembre 2021 au 10 juin 2022.

LIEU

Les séances auront lieu en « hybride » (présentiel et visioconférence).
MSH Paris-Saclay
Amphithéâtre Dortohy Hopkins
Comment venir ?

Pour celles et ceux qui souhaitent suivre la séance du 10 juin, l’inscription préalable est nécessaire, afin de préparer au mieux la séance.

ORGANISATION

Natacha Chetcuti-Osorovitz. Maître de conférences en sociologie, HDR, Centrale Supélec, ENS Paris-Saclay, IDHES
natacha.chetcuti-osorovitz@centralesupelec.fr


Valérie Icard. Doctorante en science politique, Université Paris-Saclay ; Ingénieure d’études, CESDIP / INHESJ
valerie.icard@cesdip.fr

Avec le soutien de la MSH Paris-Saclay

PRÉSENTATION

Le séminaire « genre et monde carcéral » est un séminaire interdisciplinaire, débuté en 2017, offrant un espace de discussion et d’analyse des travaux récents qui portent sur le champ carcéral au prisme des questions de genre. L’objectif général est de proposer un état de la recherche scientifique, par la présentation de travaux qui problématise les rapports sociaux et les normes de genre dans ce champ de recherche. Sont valorisées les travaux récents et l’interdisciplinarité des approches. Le séminaire, pour 2020/2022, s’inscrit dans la continuité des questionnements et réflexions amorcés les années précédentes. Le premier cycle du séminaire (2017‐2018) était consacré à l’émergence de travaux portant sur les femmes en prison dans le champ des sciences sociales. Le deuxième cycle (2018‐2019) a permis d’approfondir la réflexion, en questionnant les enjeux de la disciplinarisation carcérale et ses effets sur le parcours de femmes incarcérées. Le troisième cycle (2019‐2020) explorait les sociabilités intra‐muros, pensées au prisme des rapports sociaux de sexe. Le quatrième cycle proposait de mettre la focale sur les liens entre « le dehors » et « le dedans », en analysant les dynamiques de circulation des normes de genre pour penser l’enfermement contemporain. Cette année, nous aborderons dans une première séance l’influence des représentations genrées sur le contrôle et l’enfermement des jeunes. La séance 2 portera sur la façon dont la prison façonne les masculinités incarcérées. La séance 3 sera consacrée aux sexualités et aux corps en prison. Dans la séance 4, on s’intéressera au processus de préparation de la sortie d’incarcération et à la manière dont celui‐ci est régulé par des normes de genre implicites ou explicites. La séance 5 sera l’occasion de réfléchir à la façon dont les représentations genrées infléchissent le contrôle et les pratiques professionnelles en prison. Enfin, au cours de la séance 6, l’approche de genre permettra de questionner les catégories pénales et pénitentiaires.

PROGRAMME

Vendredi 12 novembre 2021, 10 h – 1 7h

Pour participer à cette séance, une inscription préalable est nécessaire (voir ci-dessus).

Séance 1. Représentations genrées dans le contrôle et l’enfermement des jeunes

Véronique Blanchard, historienne, responsable du centre « Enfants en justice » de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ)
Les adolescentes sous contrôle

Mayette Viltard, psychanalyste
Des vagabondes à la Jeune‐Fille

Arthur Vuattoux, sociologue, MCF à l’Université Sorbonne Pars Nord, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS ‐ USPN, EHESS, CNRS, Inserm)
Enquêter sur les déviances adolescentes au tribunal pour enfants

Virginie Rigot, sociologue, doctorante à l’EHESS, Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
Trajectoires sexuelles de femmes aux prises avec la justice

Vendredi 7 janvier 2022 – par visioconférence exclusivement

Séance 2. Masculinités en prison

Cette deuxième séance du séminaire portera sur la façon dont la prison façonne les masculinités incarcérées. Marine Quennehen montrera, dans une première intervention, comment la paternité est invisibilisée en détention. À partir de l’analyse du discours des surveillant·e·s, des stratégies d’invisibilisation mises en place par les détenus et en comparant le traitement de la parentalité selon le genre, elle examinera la façon dont l’institution organise les frontières de la paternité, en reléguant les liens familiaux dans certains lieux (le parloir et les unités de visite familiale).

Lola Gauthier, dans une seconde intervention, proposera une réflexion sur les masculinités et les émotions enfermées. En s’appuyant sur une enquête de terrain dans une prison belge mixte, elle analysera la façon dont les normes genrées influencent les relations sociales en détention. Elle montrera comment les détenu·e·s doivent assurer une gestion émotionnelle en accord avec le genre qui leur est assigné et les caractéristiques qui leur sont prêtées.

L’intervention de Jennifer Anne Rainbow [Sloan], Masculinities and the Adult Male Prison Experience, est repoussée à la séance 3 (3 février 2022).

Marine Quennehen, sociologue, post‐doctorante au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA), chercheuse au Printemps
Quand se dire père en prison constitue un affaiblissement de la masculinité

Lola Gauthier, sociologue, chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire sur la déviance et la pénalité (CRID&P) à l’UCL, doctorante au F.R.S.‐FNRS
Masculinités et émotions enfermées : vers une géographie carcérale de l’intime

Jennifer Anne Rainbow [Sloan], Senior Lecturer in Criminology at Sheffield Hallam University
Masculinities and the Adult Male Prison Experience [intervention par visioconférence]

Jeudi 3 février 2022, 10 h – 17 h, visioconférence

Séance 3. Sexualités et corps en prison

Présentation de la séance

La séance 3 est consacrée à la façon dont l’enfermement carcéral travaille les sexualités et les corps des personnes enfermées dans des prisons françaises, belges et anglaises.

Axelle François, dans une première intervention, rendra compte des résultats d’une enquête quantitative par questionnaires (n = 530) auprès de personnes détenues dans des prisons belges. L’intervenante analysera les conséquences de la privation de liberté sur les représentations et le vécu de la sexualité, en présentant trois trajectoires d’adaptation des discours et des pratiques sexuelles soumises aux contraintes du contexte carcéral.

La seconde intervention, dans le prolongement de la première, portera sur la biographie conjugale, affective et sexuelle des femmes au prisme de l’incarcération de leur compagnon. Audrey Higelin analysera comment le statut de « compagne de détenu » fait l’objet d’un processus d’apprentissage (notamment via des instances associative, sanitaire, sociale, ainsi que dans le groupe de pairs). Elle mettra en évidence une « socialisation secondaire », nécessitant l’incorporation de nouvelles normes et la mise en œuvre de stratégies d’adaptation au nouveau contexte relationnelle.

Caroline Touraut, au cours de la troisième intervention, s’intéressera au vieillissement des personnes incarcérées. À partir d’une enquête empirique réalisée dans des prisons françaises, elle analysera les spécificités du vieillir en prison en fonction du genre et les enjeux professionnels que pose leur prise en charge. Plus précisément, elle questionnera la prison comme éventuel lieu de « care » des personnes détenues, en portant le regard sur les ajustements institutionnels afin de faire face aux besoins d’une population carcérale vieillissante et sur les reconfigurations des modèles de masculinités qui en découlent.

Enfin la dernière intervention (initialement prévue le 7 janvier), portera sur le corps masculin incarcéré. Jennifer Rainbow, à partir d’une enquête empirique menée dans une prison anglaise, montrera que le corps masculin joue un rôle fondamental dans l’expérience carcérale, que ce soit par la gestion de l’identité à travers le corps (par des comportements masculins), par le corps (par la stature et la pose), ou sur le corps (par les vêtements, la propreté, etc.). Elle analysera la façon dont les corps servent à valoriser des régimes de masculinité et comment ce processus peut parfois se réaliser d’une manière inattendue face aux injonctions standardisées du genre.

Programme de la séance

10 h Axelle François, docteure en criminologie, agente de probation des services correctionnels du Québec
Étude sur la sexualité en milieu carcéral belge : au cœur des représentations des personnes incarcérées

11 h 15 Audrey Higelin, historienne de l’art et sociologue, chercheure rattachée à l’Université Paris Nanterre, associée au laboratoire Sophiapol
Devenir compagne de détenu : la sexualité des femmes au prisme de l’incarcération de leur compagnon

14 h Caroline Touraut, sociologue, chargée d’études à l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE)
La prison, un espace possible de care ? Faire face au vieillissement des personnes détenues

15 h 15 Jennifer Anne Rainbow [Sloan], Senior Lecturer in Criminology at Sheffield Hallam University Masculine Bodies in an English Prison

Vendredi 18 mars 2022

Séance 4. La préparation de la sortie : un processus genré ?

Cette quatrième séance du séminaire portera sur la manière dont les rapports sociaux de genre façonnent la préparation de la sortie de prison. En s’appuyant sur l’étude d’ateliers de théâtre réunissant des personnes détenues hommes et femmes, Hélène Olivier montrera, dans une première intervention, comment les normes de genre sont performées en prison. L’analyse de la mise en spectacle dans l’espace contraint carcéral permettra d’interroger la re-subjectivation des sujets genrés pénaux par la fiction théâtrale. Ensuite, à partir d’une enquête réalisée dans le cadre de sa pratique de travailleur social, Jean-Noël Barnet proposera une réflexion sur l’hébergement post-carcéral pour des sortantes, dans le double rapport de l’espace et de l’habitat. À partir de l’analyse des vécus personnels et des pratiques institutionnelles d’hébergement, il soulignera un mode d’habiter temporaire traversé par des questionnements sur le rapport à soi et aux autres et par des normes de genre. Enfin, Patrizia Pacini Volpe, dans une troisième intervention, proposera une réflexion sur l’accès aux études universitaires des étudiantes empêchées dans les prisons italiennes. Elle s’interrogera sur l’effet de ce parcours diplômant dans l’obtention d’un travail salarié à la sortie de prison.

Hélène Ollivier, chercheuse en études théâtrales, doctorante à l’Université Paris Nanterre, Histoire des arts et des représentations (HAR)
Jouer le genre sous surveillance : ateliers théâtre et spectacles en mixité dans le monde carcéral

Jean‐Noël Barnet, éducateur spécialisé (Association Aurore) et formateur en travail social
L’hébergement social des femmes à leur sortie de prison : un mode d’habiter qui prolonge les normes de genre ?

Patrizia Pacini‐Volpe, politiste, Aix‐Marseille Université, laboratoire Mesopolhis
Le droit aux études universitaires pour les femmes détenues dans les prisons italiennes

Jeudi 12 mai 2022

Séance 5. Régulations genrées et pratiques professionnelles en prison

Céline Béraud, sociologue, directrice d’études de l’EHESS, membre du Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor) ; Claire de Galembert, sociologue, CR au CNRS, Institut des sciences sociales du politiques (ISP) ; Corinne Rostaing, sociologue, PR à l’Université de Lyon 2, Centre Max Weber
Prison, genre et religion

Mélodie Renvoisé, sociologue, doctorante à l’Université de Nantes, Centre nantais de sociologie (Cens)
Des régulations genrées en tension entre protection et contrôle des femmes. Le cas des activités mixtes en prison

Kevin Bideaux, chercheur en arts et études de genre, doctorant à l’Université Paris 8, Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS)
Colorer et punir. Rose et masculinités en prison

Vendredi 10 juin 2022

Séance 6. Catégories pénales et pénitentiaires : critiques féministes

Charlotte Fischer, anthropologue, doctorante en anthropologie historique à l’Université de Toulouse Jean Jaurès – « Domestic violence » : de la maison au tribunal (titre provisoire)

Chloé Constant, sociologue, professeure chercheure à la Faculté Latino‐américaine de Sciences Sociales ‐ Les apports des féminismes des Suds aux études sur la prison et le genre : panorama depuis les Amériques [intervention par visioconférence]

Olivia Nederlandt, juriste, professeure à l’Université libre de Bruxelles, professeure invitée à l’Université Saint‐Louis‐Bruxelles et chercheuse post‐doctorante F.R.S.‐FNRS
Les normes pénitentiaires internationales et européennes à l’épreuve du genre et leur confrontation à la situation dans les prisons en Belgique.

VOIR

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